"L’autonomie résidentielles des jeunes adultes en France et en Italie: Un défi pour les frontières de la sociologie de la jeunesse"

International audienceLa précarisation des parcours de transition à l’âge adulte est devenue une des dimensions cruciales dans le domaine de la sociologie de la jeunesse qui porte une attention spécifique à la catégorie des jeunes adultes dont le périmètre est à géométrie variable.L’analyse de l’autonomie résidentielle des jeunes adultes en France et en Italie, en particulier, nous permet de décrire aussi bien leur caractérisation dans les différentes disciplines que d’expliquer une diversification croissante de leurs trajectoires à travers une perspective comparative.De nouveaux qualificatifs émergent autour des différences d’âge et des diverses stratégies d’atteinte de l’autonomie résidentielle des jeunes adultes italiens et français : «Génération Tanguy» ou «Génération boomerang» ne sont que des dénominations pour désigner le phénomène social selon lequel les jeunes adultes prolongent leur présence au domicile familial ou y reviennent après l’avoir précédemment quitté.Toutefois, comprendre si les jeunes adultes vivent encore avec les parents ou sont partis du foyer familial implique la prise en considération d’une part, du rôle des politiques publiques qui soutiennent leur autonomie résidentielle, et, d’autre part, des rôles sociaux prescrits par leur âge qui régissent la stratification sociale et la représentation collective de la jeunesse [Galland, 2013; Arnett, 2000].L’intérêt de cette comparaison franco-italienne est de décrire comment les dispositifs institutionnels influencent les conditions résidentielles des jeunes adultes en Italie et en France, et d’expliquer les raisonnements personnels mis en œuvre pour affronter des situations d’incertitude et de précarité [Blossfeld et au., 2011] caractérisant les trajectoires des nouvelles génération vers l’autonomie résidentielle.En outre, les contributions théoriques provenant de la sociologie du marché du travail et de l'éducation sont conjuguées aux perspectives d'analyse de la psychologie de la jeunesse et de la démographie afin de mieux comprendre la construction d’identités autour de catégories d’âges [Cavalli et alii, 2008; Van de Velde, 2008].Notre méthodologie de recherche articule donc l’analyse à travers des modèles statistiques multivariés –basée sur des données de l’European Union Statistics on Income and Living Conditions et la réalisation d’entretien semi-directifs - auprès de jeunes adultes italiens et français de 20 à 39ans.Les analyses cross-sectional décrivent les différences entre les conditions résidentielles des jeunes adultes italiens et français, en considérant comment la typologie du contrat du travail, la classe sociale de la familled'origine et les spécificités des contextes institutionnels influencent les probabilités de partir du foyer familialselon les différentes cohortes de naissance.En conclusion, l’analyse qualitative rend compte des mécanismes de rationalité individuelle et motivationnelle qui déterminent les trajectoires différenciées de départ du domicile parental, en mettant en évidence une jeunesse de plus en plus hétérogène.BibliographieArnett, J.J. (2000): “Emerging adulthood: a theory of development from the late teens through the twenties”, American Psychologist, 55; pp.469-480.Blossfeld, H.-P., Hofäcker, D., Rizza, R., Bertolini, S. (eds):Giovani, i perdenti della globalizzazione?, 2011, Franco Angeli.Cavalli, A., Cicchelli, V and Galland, O. (eds), Deus pays, deux jeunesse? La condition jeuvénile en France et en Italie, coll. Le sens sociale, 2008, PUF.Galland,O. (2013): Sociologie de la jeunesse, 5e édition, Paris: Armand Colin.Van de Velde, C. (2008): Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse en Europe; PUF